Comment l'analyse du contexte (jeu - martial - spectacle) oblige l'enseignant et le pratiquant à customiser la mise en place technique et pédagogique. Comment adapter sa technique au contexte de "jeu"...



Dans le "jeu de combat", globalement, nous serons tous d'accord pour dire que tout a déjà été inventé, depuis des siècles par des gens, experts, dont l'affrontement était le "métier";
Dans notre civilisation occidentale européenne de pays civilisé, globalement sécurisée pour la plupart des gens, l'affrontement est un passe-temps en général ludique et de loisir (je ne parle pas des metiers de la sécurité ou l'enjeu est différent ni des sportifs professionnels);
Autrement dit, nous sommes des "guerriers du dimanche", amateurs plus ou moins éclairés, et devons en être conscients et remplis d'humilité à ce sujet.

De fait, la plus grande part des pratiquants ont accès à des pratiques répertoriées en plusieurs catégories, séparées ou qui se rejoignent parfois sur certains points, mais sont inconciliables sur bien d'autres :
  • le combat sportif : Dans un contexte de duel ( de manière classique !), sur un terrain normé et connu, je dois prouver aux juges et arbitres que je suis meilleur que mon adversaire, en reussissant des manoeuvres techniques autorisées qui sont valorisées par des points attribués. Focale technico-tactique
  • le combat chorégraphié  : Dans un contexte connu, sur une surface que j'ai pu reconnaitre à l'avance, je dois démontrer une suite de techniques à visée expressive qui produisent des impressions sur un public (démonstration) ou des juges (competition) . Focale technique
  • le combat martial "culturel codifié" : J'apprends et j'essaye de mettre en application de manière "plus ou moins libre" des manoeuvres issues de contextes guerriers/militaires, anciens ou modernes, dans des contextes variés et variables. Ces disciplines ont une visée utilitaire primaire, de defense personnelle ou d'attaque. Certaines disciplines mettent la "visée utilitaire" à un rang secondaire mais lui donnent comme but principal de generer une reflexion ethique sur leur application. Focale comportementale et/ou technico-tactique.

Ces 3 catégories, peu ou prou, se recoupent apparement et mettent en jeu les mêmes techniques, mais adaptées au contexte choisi.
Chaque contexte a, de plus, une image qui lui est propre et qui permet de l'identifier.

Mais, pour pouvoir être cohérent en tant que "joueur" ou en tant qu'enseignant, il faut  analyser correctement le contexte  pour adapter ce que l'on utilise, nos outils techniques et pédagogiques.
Ne pas faire cette analyse ni la mettre en pratique, est prendre le risque de faire fausse route en tant qu'enseignant et/ou joueur. Mauvais outils mal utilisés dans le contexte qui n'est pas celui pour quoi il est prévu.

Les paramètres, variables suivant les 3 types de catégories, sont : La vitesse necessaire pour être efficient dans le contexte - la force utilisée pour mettre en pratique l'activité. - le résultat que l'on veut mettre en avant - les qualités primordiales à developper pour devenir efficient dans l'activité - quelle intention de pratique, pour quelle focale principale ? - quel environnement de la pratique (milieu fermé ou milieu ouvert, stable ou instable ?)

Au delà de ces paramètres différents d'une pratique à l'autre, les invariants seront : le contrôle de ce que l'on fait - la sécurité des gestes et des actions  - la présence et l'intention dans l'action - la gestion de l'environnement, du cadre de l'action - la conception  et la considération qu'on a de "l'autre" :  partenaire respectable avec qui l'on construit (même dans l'opposition), adversaire qui pose des problèmes à dépasser ou punching-ball gratuit à disposition ?

Ce sont tous ces points qui sont à prendre en compte pour :

  1. conserver ou ajouter des techniques et des tactiques, que l'on choisira pour leur efficience dans le contexte spécifique
  2. conserver ou ajouter des méthodologies d'enseignements qui viseront à rendre le pratiquant à l'aise dans l'activité spécifique.
  3. écarter des manoeuvres, techniques, méthodes d'enseignement qui vont "a l'envers" de ce qui a été analysé comme necessaire dans le contexte choisit.
Autrement dit, il ne faut hésiter à enlever ce qui est inutile, ni rajouter des nouveautés puisées ailleurs. L'important est, en permanence de tout passer au crible de la pratique réelle que l'on se choisit, pour nous-même (si l'on pratiquant), pour le groupe à qui l'on enseigne (si l'on est enseignant). Dans tous les cas, il faut pouvoir expliquer et démontrer nos choix.
Sans états d'âmes. Sans fantasmes, sans regrets... 

Le travail est donc double : L'analyse du contexte et des enjeux déterminera les points fondamentaux de l'efficience dans l'activité, et, par la suite contribuera à sélectionner ce qu'il faut garder, tant au point de vue technique que tactique... mais surtout au niveau didactique et pédagogique.
Quelles techniques/tactiques dois-je garder, pour quel but ? Quel niveau de danger suis-je prêt à accepter pour devenir efficient ? Celui-ci est-il necessaire dans le jeu, l'apprentissage ?

Ces questions se posent en tant que pratiquant mais aussi et surtout en tant qu'enseignant dans un contexte moderne de pratiques physiques encadrées.
Ensuite, à chacun de faire son choix... et de trouver la pratique qui lui correspond le mieux, ou de savoir s'adapter en toute conscience avec les pratiquants avec lesquels il travaille, ou les évènements (cours, competitions, jeux...) auxquels il participe.