(MAJ du 31 janvier 2020)
Voici quelques temps ( ça fait plusieurs années maintenant ) que je me suis mis à la pratique du iaido, par le biais du club d'aikido FFAB du Tréport, avec Jérôme et du club de Kendo de Friville-Escarbotin, avec Francis et Florent;
... tout en n'oubliant pas ma pratique du iaïjutsu "katori shinto ryu" dans ses versions aïkibudo, avec Martine, Eric et Christophe, que je pratique depuis 1990 (déja ? mince, le temps passe !)...

Le texte qui suit se voudrait un état des lieux de ma compréhension actuelle de mes pratiques conjointes, sur la base de ce qui m'a été présenté et de mon ressenti ;

Il n'a pas de valeur d'exemplarité et est, sans doute incomplet et/ou partial.


Iaido (style "Muso shinden" et  "Toho iai" ) : Ils me sont présentés comme des "do"  -  surtout muso shinden - ; Le Toho iaï garde une facette "jutsu" plus marquée.

 kata du muso shinden : Tanashita (棚下)
(Image de shinbukan-dojo
L'accent est mis sur le lien respiration/gestuelle - La formation du corps y est variée, à partir de positions et situations très diverses - voire inhabituelles pour certaines, comparées aux logiques martiales que je connais - .

La discipline est moderne : Pas de notion "d'école" au sens "koryu" - Il n'y a pas de soke officiel du muso shinden, ce qui fait que plusieurs références techniques co-existent, sans que l'une ne prenne le pas sur les autres - ;

On pratique pour soi, et on nous propose d'adapter assez vite la pratique a soi-même; Un travail sur les variantes et variations proposées est enseignée et encouragée dès le début;

On "joue" avec les katas... qui sont vus comme des "outils-références", mais pas sacralisés. 

Importance de la notion de bunkaï : Chaque kata a "une" ou "des" situations "bunkai" de référence, expliqués et mis en application; La situation-réference permet de mieux comprendre le sens de la gestuelle seule et/ou le timing de la séquence et/ou la situation tactique...

La situation-reférence n'est pas forcément d'expression martiale : certaines font allusion à des situations pour lesquelles utiliser le sabre avait un sens "social" (par exemple, assister un seppuku dans sa phase finale !).

La situation-référence est parfois stricte, parfois suffisamment "floue ou mouvante" pour nécessiter d'adapter le kata - dans ses rythmes, déplacements parfois ses gestuelles -, à celle(s) travaillée(s). On peut même basculer dans du travail semi-libre à libre, par le biais de l'entrée "bunkaï"...

René VDB en iaïdo muso shinden
Donc le kata doit pouvoir s'adapter plastiquement, temporellement, à d'autres situations ou scénarios... quitte à le "triturer" et à y decouvrir d'autres "clés".

Iai jutsu :
A mon sens il est plus lié à la notion d'école et de respect de la forme "canonique" à travailler encore et encore dans sa forme idéalisée; Paradoxal dans une logique de travail qui se veut plus martiale ancienne; Ou alors, c'est sans doute un premier niveau de pratique ?...

Pour ce qui est du "katori", toutes les séquences partent de la même posture debout (tachi iaï) ou basse (iai goshi).
Les katas sont composés de "gestes génériques" présentés sans applications; A chacun de trouver les propres scénarios plausibles du kata (si on nous en donne la possibilité) ; Il n'existe pas de situation-reference fondamentale aidant à comprendre la logique gestuelle ou comportementale.
iaïjutsu Yoseikan shinto Ryu

Seule la version "yoseikan", à ma connaissance, et dans le cursus que je connais, a formalisé des bunkai par deux donnant un sens combatif aux katas en solo.

En effet, même si je l'ai fait assez vite, "jouer avec le kata" m'a toujours été présenté comme "hérétique" : On ne pourra peut-être jouer avec le kata que lorsque celui-ci sera maîtrisé parfaitement... mais on ne le maîtrise "jamais assez" sans doute ("encore beaucoup travail petit scarabée")

En conclusion rapide et imparfaite : 
Si on part du principe que les katas sont des "exemples" de possibilités corporelles, techniques ou tactiques, la version "do" présente des expressions plus variées que la version "jutsu" qui propose des formes essentielles, ramassées, transposables et utilisables quelles que soit le contexte.

  • La forme "jutsu" encourage la forme d'école et le respect de la convention du ryu pour rentrer dans un moule jugé idéal et présenté comme le plus efficient. Ecarter le superflu. Mais proposer l'expressivité de la gestuelle.
  • La version "do" est plus générale, balayant de multiples possibilités au travers de contextes et de situations-exemples plus variées. Plusieurs principes de maniement et de conception du "combat de sabre" sont testés. Mais toujours en cherchant une économie de mouvement et un dépouillement, une sobriété gestuelle extrême. Au delà des formes proposées (déja variées en elle-mêmes d'un kata à l'autre), on y encourage l'expression personnelle et la variabilité des gestes pour trouver, par soi-même, les variantes adaptées a son propre cas, sa propre recherche. Un équilibrisme en va et vient permanent entre rester dans le moule et sortir du moule. Et ce, dès le début de la pratique - du moins dans l'enseignement que je poursuis.
Quoi qu'il en soit, pour mettre en application les bunkai proposés ou trouvés dans ces formes, il faut adapter celles-ci de manière logique et réaliste, selon l'état d'esprit, la "leçon" véhiculée par le kata et savoir "dé-structurer" la forme proposée...

Plus de variété dans le "do", plus de synthétisation extrême dans le "jutsu".
Pour moi, les deux facettes, loin de s'opposer, peuvent être complémentaires, par les avantages que chacune amène au pratiquant.


Peut-être ces considérations sont-elles liées aux enseignants et enseignements que je suis en ce moment et ne reflètent pas la généralité de ces styles, mais c'est ce qui j'y comprends actuellement...