Un article plein de ressenti et de partialité avec de vieilles photos d'archives !

Alexandre Dumas a dit : "Si j'ai violé l'Histoire, je lui ai, toutefois, fait de beaux enfants" 

...

Pendant longtemps je me suis intéressé aux méthodes historiques d'escrime occidentale. Un intérêt historique pur autant que sportif allié au but de "faire plus historique, plus logique" dans les combats d'escrime de scène/théâtrale/spectacle (appelons cela comme on veut !) auxquels je participais. 


Pendant un temps ("que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre"...) j'avais diffusé des traductions de traités, retrouvés sur le net en anglais et traduites par mes soins...  



Avec mon ami Antonio, j'avais monté des stages d'escrime et de combat de spectacle, dans lesquels nous proposions de l'escrime de spectacle "augmentée" de l'escrime historique que nous avions décortiqué et de canne-savate-lutte. L'idée globale étant d'amener des éléments "historiques réalistes" dans un combat de spectacle. Des rudiments d'AMHE dans le combat de spectacle en fait.

Je parle là des années 2003 à 2009 environ...


Depuis cette période, les AMHE ont énormément évolués, se sont structurés, sont partis dans beaucoup de directions d'étude. D'éminentes personnalités charismatiques ont pris le devant de la "scène" (amusant, ça !) avec leurs conceptions...des "egos" ont gonflés, (ce qui est somme toute, normal dans un groupe humain) ... 

Les amhe actuels, du moins ce que j'en vois depuis le Net (car cela fait des années que je ne suis plus rendu dans un stage d'AMHE) , ne me semblent plus nécessairement ressembler aux promesses du départ. La compétition s'est invitée dans le bal, ce qui, à mon sens à modifié la donne originelle. La trop grande diversité des AMHE nuit, je pense, à leur visibilité pour le grand public. Ils sont devenus une affaire de spécialistes "hardcore", chacun dans leur coin et sans réelle unité globale. 

Il est très bien que tous ces traités soient décortiqués, étudiés, présentés dans le microcosme des associations, mutualisés en stages ou en publications sur le net. Mais dans quel but, pour quel usage ?. 

Je me pose la question de la finalité réelle des AMHE et de sa cohérence; Sans doute que chacun y trouvera sa propre réponse.

Si cette analyse vous semble fausse, ne m'en veuillez pas, car elle est sans doute partiale. Ce que j'assume totalement.

Bref, maintenant, les AMHE "purs" m’intéressent moins. Ou, du moins s'ils ne s'arrêtent qu'a leur visage "d'étude en salle"... ou en compétition. 


A quoi peut servir l'étude de ces vieux traités ? Et bien... donner, par exemple, une couleur "plus vraie" aux spectacles d'Escrime de Spectacle. Ce qui rejoint ma première idée de ce début d'article. 

Dans tous les cas, il faut les faire vivre et revivre et les adapter à NOS ENVIES à nous, personnellement. En respectant leurs apports techniques et tactiques mais sans les sacraliser... ni, au contraire les dénaturer en les réutilisant dans des contextes et par des formes qui ne sont pas ceux pour lesquels ils ont été créés. 
le contexte, le contexte... toujours c'est la base !

 

Quel nom pour cette pratique ?

3 termes coexistent  : Escrime Ancienne - Escrime de Spectacle - Escrime Artistique

Escrime Artistique fait plutôt penser à du patinage artistique, avec un aspect uniquement chorégraphique et esthétique. Escrime de Spectacle ne renvoie qu'à la finalité "production scénique". 

Le terme qui me parait le mieux convenir est donc celui d'Escrime Ancienne, car le moins réducteur et le plus ouvert : c'est de l'escrime, avec des références à des choses anciennes (époque ancienne techniques anciennes) . Le terme est neutre et ne précise pas qu'elle est la finalité de l'activité. Dans mon esprit celle-ci est ouverte et adaptable aux idées de chacun. 


La cohérence de l'Escrime Ancienne et les avantages que j'y vois :

Elle est l'ordre technique, pédagogique et pratique

  • Un langage commun technique à tous les pratiquants - occasionnels, professionnels/cascadeurs - : Une facilité de travail en commun car des bases communes sur lesquelles s'appuyer. 
  • Une technicité que l'on peut modifier comme l'on veut, suivant les inspirations que l'on trouve ou que l'on a - dans le respect des règles intangibles (sécurité et précision de la technique et des intentions) et de la base "adaptée" de ce langage commun. On enrichit le langage... on ne le déstructure pas par des apports incompréhensibles ou incompatibles !
  • Un irréalisme historique qui autorise une liberté d'actions, d'intentions, de scénarios... : De fait, une adaptation est possible à un grand nombre d'époques, historiques ou non.
  • mais aussi la possibilité d'y inclure des techniques issues des traités de combat étudiés... pour faire plus vrai (?), ou, du moins plus histo !
  • Une variété technique incluant de la "cascade physique" autant que de la "pure escrime".
  • Une possibilité de mises en situations variées, laissées à la créativité de chacun. 
  • La possibilité de travailler en partenariat...mais aussi en sparring contrôlé, réglementé par la sécurité; Ce point me semble important; Autant pour la diversité de situations de travail, que pour augmenter la sécurité. Si l'on est habitué au sparring libre ou à thème, on est habitué à gérer l'incertitude (des trajectoires, des déplacements, etc...). Dans le cas d'une prestation "spectacle", en cas de faute/oubli dans la chorégraphie par l'un des deux partenaires, on peut plus facilement adpater, improviser et se reprendre en sécurité. "la bonne action défensive au bon moment, d'opportunité, qui évite l'accident"
  • Une activité qui s'appuie sur la cohérence de logique des intentions (intentions scéniques - intentions technico-tactiques : quelle est mon intention ?, comment je la mets en place ?). Cette cohérence s'appuie d'abord sur une réflexion nécessaire autour de la violence autant que l'élégance ou le panache, et des Personnages qui l'expriment. 
  • un rapport irréprochable à la sécurité (matériel adapté et contraintes technico-pédagogiques ciblées sur ce point); L'Education des pratiquants est aussi axée sur ce point car passant par une pratique libérée des contraintes du matériel de protection (liberté, liberté ! Sécurité, sécurité). Ce que je vois parfois dans certaines vidéos d'AMHE me fait peur, car l'excès de matériel de protection peut, parfois, diminuer la sensation de risque. On le voit déja en escrime sportive, alors en AMHE... l'arme nue (même légère) encourage à la prudence !

  • Une activité avec un coût financier des plus légers... au moins au démarrage de l'activité. 
  • Une arme légère, non-historique mais pratique pour l'entrainement et adaptée à la vision de l'Histoire qu'a le spectateur lambda. Une arme "qui ne ressemble à rien... donc qui ressemble potentiellement à tout, entre le 17e et le 18e siècle...voire le 19e siècle ou le steampunk si on pousse un peu. J'avoue que travailler avec un sabre moderne sportif et un demi-fleuret (pour simuler le travail "rapière-dague"), à l'entrainement provoque une sensation de légèreté et de facilité bien plaisante !

  • Une méthode transférables aux armes d'hast comme aux armes moyennes.
  • ...et qui se marie très bien avec "la canne-savate", méthode de base que l'on customiser avec du métal.  
  • un rapport très fort à l'imaginaire et à l'expressivité... on y trouve des liens avec l'Escrime Ludique



Allez, pour prolonger cette lecture :


  1. https://fracasdeslames.blogspot.com/ (pour les réflexions sur l'escrime de spectacle)
  2. https://lectureetcombat.home.blog/ (pour l'apport de l'escrime historique)


Sélection libre et partiales de quelques vidéos de film dans lesquels puiser des inspirations, et pour le plaisir, tout simplement : 

(Après, on pourrait en rajouter d'autres, mais on ne trouve pas tout ce que l'on souhaiterait sur You Tube 😒)
 










Vous remarquerez les différences entre le "style français" et le style Hollywood"...

Et maintenant, allez, un petit impromptu pour finir et faire le lien avec le Budo ?