L'utilisation du fourreau règlementaire comme arme secondaire... Mais pourquoi personne n'y avait pensé avant ?

La combinaison de l'escrime avec la savate début 20e ... Mais pourquoi personne n'y avait pensé avant ?


"Du Sabre à pied, conseils pratiques sur son emploi en campagne", publié à Paris en 1911.

Un traité novateur dans son approche, je dirai même révolutionnaire dans une production militaire plutôt classique en général... 

Ce traité est donc original dans son propos, et orienté combat de champ de bataille - il ne vise pas le duel en salle, mais plutôt les circonstances d'engagement réel selon les spécificités de l'époque de sa réflexion, mais, l'expérience de la première guerre mondiale démontrera qu'il est marqué par un esprit combatif "old-school". 

En effet, la focale est mise sur l'utilisation du sabre comme arme de champ de bataille !... 

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Si, au début du siècle cela pouvait sans doute se concevoir, je pense que, déja c'était une vision passéiste des réalités militaires. Toutefois, si l'on reprend sa matière et son propos spécifique dans une logique "civile", il devient bougrement pertinent et matière à une pratique différente - pour l'époque et même maintenant. 

Chambon commence par réfléchir sur l'arme la plus adéquate pour son propos, et constate que le sabre "standard" de l'infanterie est inadapté, car trop faible, dans ses matériaux et sa conception, pour être un réel outil utilisable pour sa méthode. 





Il propose donc la création d'un sabre qui ressemble, globalement, au sabre anglais de1908, c'est à dire avec une garde privilégiant l’efficacité pour la protection de la main plutôt que l’esthétique. Le sabre que l'on voir sur les photos de l'ouvrage ressemble à un "sabre Hutton", et la coquille n'est pas loin de ressembler à nos sabres modernes sportifs. 



Ensuite, il envisage le combat non comme un duel, mais comme un combat rapide, potentiellement dissymétrique, donc en privilégiant des solutions rapides et des phrases d'armes courtes, avant de désengager.





Les techniques proposées sont simples, et reposent avant tout sur la protection de soi d'abord, et la riposte immédiate ensuite. les techniques proposées n'ont rien de révolutionnaire, en soi, mais l'angle de leur utilisation, lui, l'est : On tente la riposte, et si on rate, on ne s'appesanti pas - pour éviter de se faire cibler/fixer par plusieurs adversaires... 


De même, l'utilisation de l'environnement, et des armes secondaires du soldat est recommandée : Le pistolet combiné avec le sabre. La savate en distance courte si l'on a été pris dans un jeu court - la savate pour perturber, le temps de reprendre du champs pour finir l'adversaire en le sabrant. 



Mais, surtout, le coeur de sa méthode repose sur l'utilisation défensive et offensive du fourreau métallique du sabre. Pour cela, A. Chambon propose aussi de l'adapter à cette conception : Il préconise de remplacer les existants - trop légers et fragiles - par un fourreau rigide, lourd en bonne "tôle d'acier", de manière à ce qu'il serve :

  1. à parer/dévier/faire un battement sur l'arme adverse (sabre ou baïonnette)... pour finaliser avec le sabre
  2. où, à l'inverse, utiliser le sabre en défense (parades, croisements, etc...) pour frapper l'adversaire avec le fourreau devenu arme offensive !

En fait, cette conception transforme l'escrime de Chambon en combat ambidextre ! 







Enfin, dans ses préconisations d'entrainement, il propose d'entrainer l'escrimeur sous forme de combat libre, opposé à un autre sabreur, ou un fantassin avec fusil à baïonnette... mais aussi contre un escrimeur à cheval ( sabreur ou lancier). 


De même, il met en avant l'idée d'entrainer l'escrimeur, non pas en duel, mais dans des combats contre adversaires multiples, voire, des groupes contre des groupes !






L'on voit donc bien que le propos de Chambon se veut marquer du sceau du réalisme - de son époque transitoire - en utilisant toutes les dimensions d'étude et de combinaisons possible (sabre et pistolet - sabre et main nues - sabre et fourreau...). 




Une méthode variée et éclectique qui sort des canons habituels. 






Une sorte d'ovni dans le ronronnement des méthodes militaires. 

Sa méthode a-t-elle été suivie ? Je pense que nous ne le saurons jamais, et, en allant plus loin, sa méthode a du être sans doute un feu de paille technique. 

La guerre suivante (1ere guerre mondiale) ayant marqué l'avènement du fantassin fusilier, elle a mis fin au romantisme du sabreur et de l'utilisation des armes blanches reglementaires à la guerre (sauf, peut-etre dans les premiers temps du conflit...) ,  

Toutefois, dans une perspective actuelle, AMF et AMHE, sa méthode est très interéssante à travailler à côté des méthodes classiques que nous pouvons retrouver dans d'autres traités. 


#AnalyZe AMF du Chat Noir