Je suis allé cette semaine au stage qu'Alban et Aymeric proposaient en découverte pour les adhérents du club de Dieppe. 
Initialement prévu sur la journée, je n'ai fait que l'apres-midi. 
3 heures de pratique, dans une direction que je n'avais pas soupçonnée... et que je n'avais pas suivie depuis bien longtemps : Ce que j'appelle le "parcours-defense situationnel"

Après un échauffement mené par Alban agrémenté de gestes techniques et de situation de base, du genre, "on gère avec le référentiel technique et on fuit", ma modeste contribution a consisté à amener quelques billes techniques sur la gestion du contact proche et rappeler la nuance entre exercice de formation corporelle, technique d'apprentissage et gestes "pratiques-utilitaires"

Puis Aymeric nous a emmené dans un parcours situationnel dans lequel l'enjeu particulier était de :

  • discerner la "vraie" agression qui nécessite qu'on réplique... de la situation ou l'on sort par la bonne attitude (désescalader, trouver comment désamorcer ou trouver la "porte de sortie" honorable)
  • rester dans les limites strictes de la Légitime Défense au regard de la Loi, et donc, gérer au mieux pour savoir quand passer en mode "shooting" et selon quelles modalités pratiques au regard de la nature de l'agression. Encore une fois la "porte de sortie"
Cela nous a permis de revoir succinctement les mécanismes d'agression par rapport à ceux de prédation ; Cela peut se recouper mais ce sont 2 modus operandi différents.

Cette thématique m'amène quelques réflexions
  1. pour que l'exercice soit viable, il faut que les "agresseurs" sachent avoir une attitude plausible.
  2. qu'ils aient une "petite idée" des mécanismes situationnels mis en jeu pour être cohérents
  3. qu'ils jouent leur rôle avec une consigne juste - permet à l'agressé d'avoir un retour juste sur ses choix
  4. que les agressés sachent pertinemment quand ils sont dans la Légitime Défense ou quand ils ont faux et qu'ils se mettent en danger au regard de la Loi (faut-il nécessairement shooter pour une cigarette ?)
Cette notion d'attitude plausible pour les agresseurs nécessite une "culture de la dangerosité" : Celle-ci s'acquiert selon moi de 2 manières, différentes - personnellement, je préfère la 2 - :
  1. on vit dans un milieu "à risques" et, inconsciemment on apprend à "lire une situation, lire les intentions de l'autre" - Une situation que je ne souhaite à personne, car cela revient à développer une forme de paranoïa permanente. Quand j'étais en formation Savate-def, j'ai rencontré des gens qui savaient très bien te mettre une pression folle dans ces "jeux de rôle" : Renseignements pris, ils flirtaient grave dans ces milieux à risque, c'est à dire qu'ils avaient un vrai "vécu" personnel... Intéressant de discuter avec eux, mais ils ne sont pas restés mes potes après. Ils me faisaient penser au personnage de Wild Bill Hickock, devenu sherif après un passé plus "sulfureux"... 
  2. pour la plupart d'entre nous, et heureusement, nous sommes des gentils et vivons dans un milieu sécurisé... Dans ce cas, il faut avoir recours à la littérature : de très bons sites web ou de très bons livres, faits par des spécialistes reconnus et incontournables, amènent à une connaissance - certes théorique, mais c'est mieux que rien - de ces mécanismes et enjeux mentaux et psychologiques mis en œuvre dans les situations à risque. Cela amène à réfléchir consciemment sur cela. Pour une plongée plus extrême, on peut, aussi, visionner, sur le web, les nombreuses vidéo d'agression - âmes sensibles s'abstenir - : c'est très "formateur" et permet de s'enlever quelques idées reçues et quelques illusionnements (néologisme dont je suis fier ;) )

    Je pense que tout pratiquant sincère devrait se pencher, de temps à autre, en conscience sur ses sujets.

    Se refamiliariser un temps, avec la bête en nous


Dans les temps passés, en Occident, le rôle des Arts Martiaux était de "pouvoir défendre son honneur et sa famille" par une conscience juste et ouverte : Pas de tabous, le rôle du pratiquant était de savoir se positionner dans ces situations à risque, les connaitre, les reconnaitre, ne pas se les masquer... 
La pratique sportive ou ludique n'intervenant qu'après et toujours au regard de la situation à risque.
L'assaut n'était qu'un moyen sécurisé - dégradé ? - de développer des aptitudes physiques ou tactiques... que l'on pouvait remettre en action, ensuite, en les adaptant correctement à des contextes autres; et donc, connaitre ces contextes autres !
CQFD