La canne européenne est fondamentalement, apparemment, une canne asymétrique. Nous la tenons par le coté du pommeau et elle repose sur sa pointe pour la marche.
 
En tant que dérivé des armes blanches pour son maniement, elle reprend sa disymétrie technique. 
Parfois l'on entrevoit dans certains textes ou méthodes qu'elle peut-être symétrique (on utilise, parfois pour percuter, le pommeau ). Mais cela est moins fréquent que la percussion avec la pointe. 
L'influence de l'escrime y est certainement pour quelque chose... 

MAIS...
Si l'on regardait du coté du bâton à 2 bouts et du pugilisme ? 
Est-ce que cela ne pourrait pas nous amener un autre regard et amener d'autres technicités ? 

Des exercices - anciens - d'échauffement avec une canne peuvent aussi nourrir cette réflexion. 

Merci à Jean-Marc Henri pour cette image.
http://www.savate-canne.com/echauffement5.html ]


Georges Hébert, dans son volume "défense"- chapitre "cannes", parle autant de canne façonnée cylindrique - donc le même engin que ce qui est proposé ici - que de canne conique dans sa pratique.

Si l'on met plus en lien la canne avec certaines formes de pugilisme "moderne", est-ce que la symétrie ne devient pas une option à travailler ?
D'ailleurs, la vieille boxe ne se travaille-t-elle pas aussi dans les deux gardes ? En utilise autant le bras droit que le gauche pour nos actions offensives ou défensives... 

Voire si l'on lorgne vers d'autres cultures martiales

Hanbo japonais



En fait notre corps est symétrique... Pourquoi l'arme ne le serait-elle pas ? Et de là, notre "escrime" ? 

Ce changement de paradigme nous force à réfléchir autrement... 
Cela ne peut qu'être bénéfique de sortir de ses habitudes.

Indirectement cela me fait penser à l'intérêt de la canne ambidextre que j'avais travaillée avec Michel Demouch et Roland Hoffbech, "a l'époque" - et qui, peut-être s'est trouvée délaissée car elle n'apportait pas suffisamment d'efficacité pragmatique dans le contexte compétitif pur ? -. 

Si cela était proposé dans la méthode fédérale des années 80/90 - qui envisageait la canne pas uniquement sous l'aspect compétitif, mais la travaillait avec une contextualisation plus vaste -  c'est sans doute que d'aucuns avaient trouvé un intérêt à l'ambidextrie et à la "symétrisation" (dans son sens commun). 

N'oublions pas, aussi que Michel Demouch avait un background varié… Cela n'y est sans doute - certainement - pas étranger.



Les coulissés de bâton fédéral sont dans cette logique... 

Certains traités prennent en compte cette possibilité technique.

Traité de canne boxe et bâton de Julien Delaunay
édité aux éditions Delarue entre 1890 et 1914

La canne du système Doyle aussi est fondée là-dessus...
Dans le Bartitsu, on trouve sans doute des choses similaires.
Dans la méthode Lafond aussi, je crois... 


Dans une logique de développement harmonieux, sans doute faut-il revenir à une pratique qui ne latéralise pas trop le corps.
Surtout que certaines manières de pratiquer, de manière ambidextres, ne sont pas moins efficaces ou pragmatique que la latéralisation extrême - ne travailler que son "côté fort naturel". En outre elles amènent surprises et imprévisibilités lorsque l'on est habitué au système classique 

De fait, voici une arme autre que j'utilise - peut-être sera-t-elle mon arme de cours du premier trimestre 2024 ? - avec des paramètres d'utilisation basés sur la symétrie (des déplacements, de la posture, des parades et des percussions et des technicités proches induites)


Vous noterez la présence des 2 férules, une a chaque bout, ainsi que le diamètre du fut, parfaitement égal des deux côtés - à la différence de la canne classique, conique, qui induit une répartition du poids autre, prédisposant à cette escrime dissymétrique - . 
Ici, le poids est réparti également sur les deux pointes/pommeau.
Le maniement s'en ressent, avec une propension a utiliser de manière égale les deux côtés.
Le modèle présenté fait 350 gr de bonne matière, 1m02 de long et 2 cm de diamètre !

Je l'appelle "la barre à mimines" ou bien "la barre à Mimile", selon les jours et l'humeur... (Emile Boudacier)