Voilà une trentaine d'années que je navigue entre plusieurs mondes martiaux et sportifs (de combat).

Entre mes débuts (1989 !) et maintenant, les choses ont bien évolué. 
Techniquement, peut-être pas... pédagogiquement, sans doute un peu... dans les attendus, énormément.

La compétition à tout crin comme seul horizon de pratique a bouleversé bien des choses. Pas forcément dans le bon sens selon moi.

Après avoir essayé de comprendre et tester divers univers et conceptions des AM (qu'ils soient AMO, AMH ou AMF), je pose maintenant mes valises pour proposer ce que j'en ai compris, et ce que j'arrive à faire. 
En conscience toute personnelle. C'est le résultat assumé de mon parcours personnel de pratique, mes rencontres, mes lectures martiales.

Les lectures nourrissent la réflexion et l'envie
(Art par Ralph Damiani)


Etant depuis maintenant plusieurs années complètement indépendant - en tant qu'enseignant et président d'association, je ne suis plus lié à aucune fédération et ai pris une assurance privée pour la pratique en stages/cours/sessions/prestation - je peux maintenant proposer ma "synthèse personnelle"... comme a un moment donné, je pense, chaque enseignant fait (consciemment ou inconsciemment) ou devrait faire. 

Mais pour cela il faut avoir défini une direction cohérente personnelle, au-delà des petits chemins particuliers que les rencontres et les expériences nous ont fait emprunter.
Et il faut des outils stables mettant en action cette cohérence. 

Au final, voici ces outils : les Bâtons Synthèse

Rien d'extraordinaire je vous rassure, rien de révolutionnaire !

J'ai défini 5 outils de pratique qui se manipulent de manière très plastique et représentent tout ce qui peut se travailler de manière classique. Les armes particulières spécifiques à une culture, une époque, un métier... ont été oubliées. C'est volontaire. 
Synthétisation.
Ma base de réflexion est la/les distance(s), les déplacements (liés à ces distances) et les angles comme porte d'entrée technico-tactique.

Là encore rien de novateur. Juste du travail théorisé et synthétisé. Pour moi, pour ceux qui seraient intéressés de pratiquer avec moi.

Les outils sont donc de différentes longueurs, en bois ou en "mousse" - pour travailler divers degrés d'intensité et d'intentions - et figurent, selon les besoins, telle ou telle arme.
On peut les travailler "à la manière de"... l'ensemble de ces manières pouvant être travaillées, aussi.

 
Cela permet d'aborder les spécificités de chacune - on travaille "comme un sabre" "comme une lance", etc...- , MAIS AUSSI de toutes les synthétiser, dans un outil de travail unique, pour au final les lier. 
J'ai toujours été convaincu que le bâton est le début et la fin de toutes les armes de contact. La "racine" en somme.


Pourquoi des outils-armes ?

Dans une logique martiale - ce qui est mon prisme - l'arme est toujours présente.

  • L'arme est ce qui permet de diminuer les inégalités physiques, et de continuer à avoir une certaine efficience même lorsque l'on est physiquement inférieur. Elle rééquilibre la donne... 
Pour reprendre une célèbre citation : "Dieu a fait les hommes grands ou petits, forts ou faibles, le colt (on peut remplacer par "l'arme") les a rendus égaux" (Samuel Colt, inventeur de l'arme du même nom) . 
  • On peut continuer à travailler les armes longtemps, même lorsque le corps est fatigué/usé par une pratique corporelle rude. 
  • Dans une perspective 2024, et dans une société civilisée, il me semble aussi anachronique d'étudier les armes létales en tant que telles. Le sabre, la lance n'ont plus de raison d'être (même s'ils peuvent être toujours en embuscade dans les principes distillés dans les cours)... le bâton, oui !

Le bâton est donc un bon substitut socialement acceptable. 

C'est un outil de travail. On peut aussi se promener avec (bâton de marche, canne...)

  • Les 5 longueurs définies représentent les distances "classiques" de travail liées aux armes "classiques" et historiques. Indépendamment des cultures. 
L'arme la plus courte permet une passerelle vers la distance corporelle plus proche (celle des mains nues) mais toujours augmentée du petit plus efficace.




Mon idée est de travailler avec les outils les plus neutres et sobres possibles au service d'une logique de travail concise et précise

Comment ça marche dans la pratique ?

  • Concrètement, on étudie chaque outil-arme séparément, d'abord de manière systémique (canne vs canne, matraque vs matraque...) puis en combinant les différences (canne vs matraque, ou canne vs arme d'hast...) pour mêler les distances et les contextes. 

  • La "[ canne symétrique ]" étendue aux "bâtons symétriques" reste toujours dans le coin de l'oeil


  • On peut aussi les mixer (la canne dans une main + la matraque dans l'autre font travailler le combo "rapière + main gauche" par exemple)

J'ai parlé de synthèse car la technicité et la pédagogie proposée sont issues, peut-être autant, de l'Orient que de l'Occident... selon les moments, les besoins, le public concerné et l'intention de cours.