Mon travail commun sur Sutor ET Pasch m'a remémoré une autre "tradition": Celle de la Montante de la péninsule Ibérique... 


Cette réflexion ressort ici, car, l'apprentissage de la Montante, dans le style espagnol, se faisait différemment d'autres traditions d'une arme semblable ( Zweihander en zone germanique, grande épée ou Espadon en France, Spadone en Italie, etc...)

L'apprentissage "en solo" (enchainements précis et codifiés dans le vide) et la contextualisation du Jeu face à plusieurs adversaires (situation dissymétrique , opposé à des armes différentes et des adversaires supérieurs en nombre, replacé dans des situations "réelles" - dans une rue, sur une place, en défense du drapeau du régiment ou d'autres objectif particulier (ahh, la défense du papier toilette par le Docteur de la vidéo 2 !), etc..., avec des voltes et des pivots "sur les 4 faces"... ) était semble-t-il la règle de cette arme. 
... un peu comme le Jagerstöck ou la Pertuisane de Pasch...


Donã Isabella at work; ...Moi, je veux bien travailler avec Donã Isabella... ;)
- photo : London longsword Academy-




Là ou la/les traditions italiennes ou germaniques envisagent un jeu de duel, avec un apprentissage en 1 vs 1, la Montante visualise des situations d'encerclement, ou encore de maintien à distance, ou de victoire sur des adversaires multi-directionnels... 

Chaque enchainement/drill amène une "leçon", un enseignement tactique, corporel par le biais de la technique. Clairement, pour la tradition espagnole, le contexte et la tactique sont au coeur, et la technicité ne sert qu'a mettre en oeuvre ceux-ci (contexte et tactique appropriée à celui-ci)


Pour avoir une meilleure idée de la matière, que dans ce pôvre article uniquement, je vous suggère de vous pencher sur le site TSP, The Spadone Project https://thespadoneproject.com/ ] ; Il est dédié à l'étude de ce que l'on appelle, les greatswords dans leur ensemble (Montante ibérique, Spadone italienne, Espadon français, beïdenhander germanique...) qui sont, globalement, la même arme, mais avec des adaptations matérielles et "pédagogiques", en fonction des traditions locales. 

logo de TSP

Je vous suggère aussi cet article synthèse, sur [ le fracas des lames ] - très bon site que je recommande sur tous ces sujets, orientés spectacle, mais pas que : http://fracasdeslames.blogspot.com/2020/03/lart-de-lepee-deux-mains.html


Exemples vidéos pour se faire une idée 


Vid 1 - Reconstruction des Règles de Figueiredo - AMHE


Vid 2 - ... et le travail de mise en situation et contextualisation des Règles - AMHE

________________________


Vid 3 - Je ne sais pas, encore, si les enchainements produits par le Docteur, sont clairement Historiques, mais ils sont là car ils donnent aussi une image claire de la méthodologie de la Montante... et un peu de costume, ça fait jamais de mal ! ;)


Vid 4 - Une partie des Règles de Paredes


Ce qui me semble intéressant, dans ces systèmes, est surtout le flow incessant. Corporellement jouissif pour l'avoir tenté - avec le bâton français par exemple ou mon épée à deux mains - 


L'intérêt, et l'enseignement induit, aussi, est de savoir "arrêter le flow"... tout en étant stable. C'est d'ailleurs une des premières mises en garde que l'on trouve dans les traités se focalisant sur la Montante. 


Réflexion en passant : Est-ce que la méthodologie de la Montante ne pourrait pas s'appliquer à l'apprentissage du bâton, style des "4 faces à la française" ? Je dis ça, je dis rien... . Clairement, les exercices d'applications de la vidéo 2, me font penser à des exercices que je fais travailler, et que j'ai pratiqué en bâton français ( du moins, du temps où on travaillait autre chose que le seul contexte duel/compet en canne et en bâton )


Enfin, sans doute aussi, que la répétition de ces drills - contextualisés ou pas - est un très bon warm-up en lui-même, et un outil de structuration et de renforcement du corps : Avec une masse à manier de 2 kilos, en rotation corporelle totale ou partielle, doit nécessiter des étirements-contractions construisant le corps pour son propre exercice.  


Accès aux textes sources, traduits et expliqués en français :


(les traductions ne sont pas de moi - Un grand merci aux traducteurs)