Note d'intention didactique et pédagogique :

Cette année, j'interviens chez Dieppe-Savate, sur mes séances de canne, en lien avec un créneau de Defense Personnelle. 
Sans être vraiment nouvelle pour moi, cette double casquette m'a obligé à reconsiderer l'ensemble de ce que j'allais proposer. 
Le thème central que je propose cette année au club de Dieppe est le Combiné (combinaison de plusieurs "armes" en même temps, comme il est décrit dans [ cet article ])

Bien évidemment, les AMF sont toujours mon point de départ, ici, les textes et articles sources de Jean Joseph-Renaud - Lucien Chabrier - Georges Dubois - Méthode Naturelle Hébert, et pour ce faire, j'ai décidé d'utiliser 4 armes "génériques" de base + le pied-poing : Des bâtons de différentes longueurs qui peuvent, basiquement, représenter la canne, la matraque, le couteau, le poinçon... 

L'esprit des sources dont je me sers pour déterminer et construire mes thèmes de travail est le reflet de leur époque. C'est pourquoi l'on y parle encore de couteau, de canne et de matraque... d'armes historiques, en somme. Avec la réglementation, elle aussi, de leur époque (fin 19e siècle, début 20e siècle) différente de celle en vigueur de nos jours.
Parfois, cette règlementation est obsolète, en 2025, voire nous met en défaut au regard de la Loi actuelle. 


On peut toujours les travailler, pour la culture, le patrimoine, l'habileté technique... le plaisir, aussi, tout simplement. C'est ce que je propose dans mes séances AMF.

Sauf que, ces armes génériques, et c'est le concept supplémentaire de cette année, à Dieppe, peuvent revêtir, aussi, des esprits différents, disons "2025 modernes" avec les objets du quotidien.

Cet esprit existait déjà chez les auteurs sources cités dans des chapitres dédiés. 


Les armes fabriquées :


  • la canne peut être... une canne ou un parapluie long actuel (je n'ai rien inventé, la Méthode Lafond l'a modélisé depuis longtemps) : Il existe des parapluies de défense, spécifiquement conçus, mais un bête parapluie, s'il est suffisamment solide et utilisé de manière adaptée, est utile.
  • le tranchelard peut figurer une matraque de poche, si tenue en position centrale. Mais aussi certains modèles, plus grands, de lampe torche.
  • le poinçon va pouvoir représenter une lampe de défense, avec une conception propre à la transformer en objet frappeur contondant - en plus de l'intérêt particulier d'éblouissement -, ou une bombe lacrymo en mode rapproché-contact - si nous ne sommes pas arrivés à nous dégager ou nous mettre en sécurité -. On peut aussi imaginer que c'est un stylo usuel et solide.
  • la matraque peut revêtir l'esprit d'un journal ou d'un magazine roulé serré. Ou un parapluie de poche
    Ici, celle-ci servira surtout d'arme d'attaque sur laquelle nous agirons, car dans d'autres activités voisines à la mode urbaine (kali escrima, krav, etc...) elle sert de référence - on peut lui donner le nom exotique qu'on veut, c'est l'équivalent d'une matraque - , donc selon moi, il faut savoir la gérer pour mieux la contrer, en défense,  avec les armes et manières propres aux Arts Martiaux Français. 

    Chaque outil peut avoir ses manières spécifiques d'utilisation, les plus optimisées au regard de sa nature propre.


      • Parmi ces matériels, certains sont des armes de Catégorie D au regard de la Loi (matraque de poche, lacrymo), d'autres sont juste des outils légaux : lampe, stylo, magazine/journal, parapluie ou canne.
        * Catégorie D : détention chez soi légale, port et transport doivent être légitimes et prouvables.
        * Outils légaux : détention, port et transport autorisés.

Le kit complet des 4 outils : canne - matraque - tranchelard - poinçon

la Canne = 95 cm

la Matraque = 47 cm

le Poinçon = 15 cm

le Tranchelard = 24 cm

Si chacun de ces outils peut figurer un objet du quotidien, pourquoi, dans la pratique, ne pas utiliser directement ces outils ? Pourquoi ne pas faire des séances avec une lampe, un journal ou un parapluie ? 
> Tout simplement par choix personnel de distanciation vis-a-vis de l'objet et du contexte étudié (je trouve, parfois que les séances de "self" peuvent engendrer stress et paranoïa. Pas la peine d'en rajouter avec un outil "trop" réel.)
> Tout simplement aussi car j'aime les cannes et les bouts de bois, la matière en elle-même.
> Pour pouvoir, aussi, rester dans une logique de travail d'étude AMF "à l'ancienne" et être cohérent, aussi, avec ça.


Les armes "naturelles" 


  • Pour ce qui est de l'aspect "mains nues", nous nous intéresserons surtout à la logique de la chaussure, et, même si nous pratiquerons avec des chaussures de salle, la référence sera toujours la "savate version 2025" (l'objet), c'est à dire la chaussure de sécurité coquée. Il existe des modèles montants haute-tige, ou au contraire basse-tige ou même version baskets
  • l'utilisation de la manchette (avant-bras) et du tranchant de la main, ainsi que de la paume seront privilégiées. L'utilisation de la manchette permet de continuer à tenir une arme dans sa main armée, en plus.
  • la main ouverte permettra de tenter des préhensions (perturbation temporaire de la mobilité de l'adversaire, voire techniques de lutte d'opportunité)

  • la dimension "main nue" sera intimement liée, en combinaisons, avec celle des "armes".

Comme quoi, les AMF peuvent être toujours furieusement d'actualité : Culturels et Patrimoniaux sans doute, classiques certainement mais aussi adaptatifs au monde actuel par leurs principes et technicités spécifiques !

Je remercie John (dit Johnny Bagarre), SuperFab et Athanase de toutes ces discussions et réflexions qui m'ont fait avancer sur le sujet. 


Enfin, un point important : J'aborderai tout cela par un prisme technico-tactique et pédagogique provenant des Arts Martiaux Français.
Les séances seront essentiellement techniques, situationnelles certainement, mais très peu axées sur le désamorçage. 

Un cours de "self-defense" devrait prendre en compte la notion de repérage des menaces, des individus menaçants, de désescalade verbale, de rédustion de la crise, etc...  avec un travail et un apprentissage spécifique à faire autour de ça.
Oui... bien sur...
Mais, moi, ce n'est pas mon trip personnel, et, surtout, ce qu'il m'intéresse de proposer c'est de la technique précise et de la gestion tactique et situationnelle.
Je vais donc considérer, et c'est mon postulat de départ pour ces séances, que les tentatives de désescalade ont échoué, que la crise est là et qu'il faut faire-face physiquement. Avec nos armes (façonnées ou naturelles)... et s'en sortir avec le moins de dommages possibles, voire annuler la menace. 
Ce sera l'essentiel de mon contenu didactique à Dieppe cette année.

Je laisse le désamorçage à d'autres cours et d'autres intervenants... 
Pour mieux comprendre le pourquoi, je vous renvoie à [ cet article ] complémentaire